Incontinence urinaire

L’incontinence urinaire est la perte involontaire d’urine. Elle peut survenir à l’effort ou dans un contexte d’impériosité ou d’urgence. C’est un problème fréquent pouvant avoir un retentissement psychologique important entraînant une dégradation de la qualité de vie.

Sa fréquence augmente avec l’âge.

Incontinence urinaire

Symptômes

Différents types d’incontinence urinaire, différents symptômes :

  • Incontinence à l’effort. Fuites d’urine lorsque la pression dans votre vessie augmente. Par exemple lors d’un effort physique, de toux, d’éternuement, de rires ou lorsque vous soulevez quelque chose de lourd.
  • Incontinence par impériosité mictionnelle. C’est une envie soudaine et intense d’uriner, suivie rapidement d’une perte involontaire d’urine. Elle peut survenir aussi bien la journée que la nuit.

Incontinence mixte. Souvent les deux types de symptômes sont intriqués et la plainte est plus difficile à exprimer. L’urologue grâce à l’’interrogatoire et l’examen clinique fera la part des choses afin de proposer la prise en charge la plus adaptée.

Causes

La miction est un phénomène reflexe complexe, impliquant le système nerveux central, le systéme nerveux végétatif, le muscle vésical (détrusor), les sphincters urinaires (lisse et strié), le plancher pelvien, la muqueuse urinaire (urothelium) et même l’urètre. Nous citons ici certaines causes concernant les habitudes de vie, ou des pathologies sous-jacentes.

Habitudes et évènements de vie

Certaines boissons, certains aliments et certains médicaments peuvent agir comme diurétiques ou « irritants » – en favorisant la miction, son volume ou sa fréquence:

Alcool, Caféine, Boissons gazeuses et eau gazeuse, Édulcorants artificiels, Chocolat, Piments chili, Aliments riches en épices, en sucre ou en acide, en particulier les agrumes.

Médicaments pour le cœur et la tension artérielle, sédatifs et relaxants musculaires

De fortes doses de vitamine C

Grossesse : Les changements hormonaux et l’augmentation du poids du fœtus peuvent entraîner une incontinence d’effort.

L’âge : Le vieillissement du muscle vésical (détrusor) peut diminuer l’élasticité et la capacité de la vessie. De plus, les contractions involontaires de la vessie deviennent plus fréquentes avec l’âge.

Ménopause : Après la ménopause, la diminution des hormones ne favorise pas une bonne lubrification et trophicité des tissus. Ces derniers sont plus fins, rétractés ou fragiles.

Constipation. L’innervation du rectum est en partie commune avec celle de la vessie. Ainsi  certains messages erronés arrivent au cerveau et désorganisent le réflexe de miction. La constipation en l’occurrence peut constituer une « épine irritative » sur les nerfs et augmente ainsi la fréquence urinaire ou cause parfois des rétentions d’urine. Incontinence et rétention peuvent coexister comme un vase trop plein qui déborderait.

Obésité. Elle constitue en soi un facteur de risque indépendant d’incontinence. Et la prise en charge du surpoids seule règle souvent le problème.

Infections urinaires. Les cystites peuvent irriter votre vessie, donner des envies fréquentes compliquées parfois de fuites.

Troubles de la statique pelvienne.

L’accouchement par voie basse peut affaiblir les muscles nécessaires au contrôle de la vessie ou étirer les nerfs de la vessie et les tissus de soutien, entraînant une faiblesse (prolapsus) du plancher pelvien.

Toute chirurgie pelvienne (gynécologique ou autre) peut entrainer une déstabilisation de l’équilibre des forces de soutènement et une faiblesse pelvienne.

Toutes les pathologies neurologiques centrales ou périphériques peuvent déséquilibrer le déroulement de la miction et entrainer une incontinence par différents mécanismes.

Facteurs de risque

Les facteurs qui augmentent votre risque de développer l’incontinence urinaire incluent :

Le sexe féminin. Les femmes sont plus susceptibles de souffrir d’incontinence à l’effort. La grossesse, l’accouchement, la ménopause et l’anatomie féminine normale expliquent cette différence. Cependant, les hommes qui ont des problèmes de prostate courent un risque accru d’incontinence par impériosité et d’incontinence par regorgement.

L’âge. Le vieillissement entraine une faiblesse des muscles pelviens mais aussi des changements dans le muscle vésical qui perd en force et en élasticité.

L’obésité. Les mécanismes sont complexes ; d’une part l’augmentation des pressions abdominales mais aussi le syndrome métabolique et l’insulino-résistance.

Le tabagisme peut augmenter le risque d’incontinence urinaire.

Les maladies neurologiques ou métaboliques notamment le diabète peuvent augmenter votre risque d’incontinence, ainsi que les chirurgies pelviennes.

Complications

Problèmes cutanés. Macérations, irritations, et infections peuvent compliquer localement une incontinence mais peuvent aussi empêcher la cicatrisation d’une escarre ou d’une plaie chirurgicale.

L’Incontinence augmente le risque d’infections des voies urinaires.

Impacts sur la qualité de vie, personnelle, professionnelle, ou sociale.

Prévention

L’incontinence urinaire n’est pas toujours évitable. Cependant, pour vous aider à réduire votre risque :

  • Evitez le surpoids grâce à une activité physique adaptée régulière et une alimentation saine.
  • Évitez les irritants pour la vessie, comme la caféine, l’alcool et les aliments acides.
  • Mangez plus de fibres, ce qui peut prévenir la constipation, une cause d’incontinence urinaire.
  • Continuer à bien vous hydrater afin de prévenir les infections
  • Il est possible de pratiquer des exercices du plancher pelvien après conseils de votre médecin et d’un kinésithérapeute
  • Evitez de fumer ou demandez de l’aide pour arrêter de fumer.

Diagnostic

Le diagnostic est clinique, il permet d’une part de faire la différence entre les mécanismes de l’incontinence et d’autre part d’en évaluer la sévérité.

Une cystoscopie peut vous être proposée afin de rechercher certaines causes d’incontinence.

Les examens biologiques comprennent essentiellement une analyse d’urine à la recherche de sang ou d’infection.

L’imagerie est essentiellement représentée par l’échographie qui évalue la présence de polypes de vessie, de calculs, précise la volumétrie prostatique chez l’homme et mesure le résidu post-mictionnel.

L’IRM pelvienne peut être demandée dans les troubles de la statique pelvienne.

Evaluation urodynamique : Cet examen n’est pas systématique, il permet de faire la part des choses lorsque la situation est complexe.

Traitement

Le traitement de l’incontinence urinaire dépend du type d’incontinence, de sa gravité et de la cause sous-jacente. Le contrôle de la cause est important et peut être associé aux autres moyens.

La prise en charge débute par :

  • Mesures hygiéno-diététiques
  • Kinésithérapie de rééducation pelvi-périnéale. Cette dernière est réalisée par des kinésithérapeutes spécialisés.

A ceci peuvent s‘associer :

1 / Si l’incontinence se fait par imperiosité

La stimulation tibiale postérieure transcutanée a prouvé son efficacité dans plus de 30% des cas et l’amélioration des symptômes dans 30% supplémentaires. Elle correspond à une stimulation du nerf tibial derrière la cheville grâce à un faible courant électrique. Ceci brouillerait le signal nerveux vésical qui partage la même topographie nerveuse que le nerf tibial. Cette stimulation se fait pendant 20 minutes plusieurs fois par jour. Le matériel est prêté pour une durée de deux à trois mois afin d’évaluer l’efficacité. Il s’agit d’un traitement non invasif.

Les médicaments qui paralysent en partie la vessie peuvent être utiles. Ils sont représentés par les anticholinergiques (Oxybutynine (Ditropan) Solifénacine (Vesicare), Chlorure de trospium (Ceris), Fésotérodine (Toviaz)) , ou les beta3 mimétiques (Mirabegron). Les effets secondaires courants de la plupart de ces médicaments comprennent la sécheresse des yeux et de la bouche et la constipation.

Les injections intravésicales de toxine botulinique A agissent aussi sur la contraction musculaire. Les injections se font sous anesthésie locale ou générale avec une augmentation progressive des doses si l’effet escompté n’est pas atteint. L’efficacité est évaluée au bout de plusieurs mois et dure environ 6 mois.

La neuromodulation des racines sacrées est aussi une technique de stimulation nerveuse. Elle se fait cette fois par l’implantation d’une électrode au contact de la racine nerveuse sacrée S3. Cette implantation test se fait au bloc opératoire souvent sous anesthésie générale. Il s’agit d’une phase test de deux semaines. En cas d’efficacité, une pile définitive est implantée, dans le cas contraire l’électrode est retirée.

La chirurgie est réservée à de rares cas de formes sévères et réfractaires souvent d’origine neurologique. Il s’agit d’une chirurgie d’agrandissement vésical par plastie d’intestin.

 

2/ Si l’incontinence prédomine aux efforts

Il existe de nombreuses techniques chirurgicales avec des niveaux d’efficacité différents ; avec ou sans recours à un matériel prothétique.

La plus répandue est la mise en place d’une bandelette sous-urétrale. Cette chirurgie s’effectue en ambulatoire avec un très bon taux de satisfaction.

La mise en place d’un sphincter urinaire artificiel est réservée aux incontinences urinaires importantes.