➠ Rétention aiguë d’urine

Qu’est-ce que la rétention urinaire ?

La rétention urinaire est l’incapacité de vider complètement sa vessie. Elle peut être aiguë ou chronique. La situation aiguë est potentiellement grave et nécessite un drainage des urines en urgence. La rétention chronique passe souvent inaperçue car elle s’installe progressivement au cours du temps. Elle est souvent découverte au cours d’une complication infectieuse ou incontinence

Elle est plus fréquente chez l’homme avec un ratio de 9/1 et avec l’âge. Elle concerne 3 % des hommes ayant déjà des symptômes urinaires.

Rétention aiguë d’urine

Comment fonctionne l’appareil urinaire ?

Les voies urinaires sont le système de collection et d’excrétion de l’urine, produit de l’épuration sanguine par le rein. Ces derniers filtrent environ 120 à 150 litres de sang par jour  pour produire environ 1 à 2 litres d’urine.

La miction est un phénomène réflexe complexe, impliquant le système nerveux central, végétatif, le muscle vésical (détrusor), les deux sphincters urinaires (lisse et strié), le s muscles du plancher pelvien et la muqueuse urinaire (urothélium) de la vessie et de l’urètre.

Pour qu’une miction normale se produise, une intégrité de ces structures et de leurs voies de communication est nécessaire.

Les uretères sont des tubes comportant une lumière tapissée de muqueuse urothéliale enveloppée de muscle. Ils transportent l’urine de chacun des reins à la vessie, dans laquelle ils s’abouchent par deux méats respectifs droit et gauche.

La vessie, est située dans le bassin en arrière du pubis. C’est un organe creux, en forme de ballon, qui se dilate lorsqu’il se remplit d’urine. La vidange vésicale est un réflexe qui se fait grâce à la contraction du muscle vésical (détrusor) et à l’ouverture du sphincter urétral. Le réflexe mictionnel se déclenche avec un remplissage vésical suffisant (environ 150 à 200 ml) mais reste inhibé par les fonctions corticales (cerveau) et le contrôle du sphincter volontaire.

L’urètre est le tube qui transporte l’urine de la vessie vers l’extérieur.  Il est court chez la femme et chemine en avant du vagin. Chez l’homme il est plus long et comporte une partie entourée par la prostate juste en dessous de la vessie.

La continence est assurée par des facteurs actifs (sphincters, plancher pelvien) et passifs (capacité élastique et compliance de la vessie).

Quelles sont les causes de la rétention urinaire ?

La rétention urinaire peut résulter de grands types de problèmes. L’obstruction mécanique sous vésicale où il y a une gêne mécanique à l’écoulement de l’urine. Et l’obstruction fonctionnelle par diminution de la contractilité de la vessie. Ces deux grandes familles de causes peuvent se croiser et mener l’une vers l’autre lorsque le problème est ancien et décompensé.

Dans le premier groupe il existe :

  • Les sténoses de l’urètre (secondaires à un traumatisme ou à une chirurgie, notamment de l’incontinence)
  • L’hypertrophie bénigne de prostate (lien)
  • Les prolapsus génitaux (déscentes d’organes)
  • Les obstacles intravesicaux (calculs de vessie, caillots de sang aux cours des hématuries, polypes et tumeurs – liens)

Dans le second groupe nous pouvons retrouver :

  • Les pathologies neurologiques centrales (du cerveau et de la moelle) ou périphériques (des nerfs)
  • Certains médicaments
  • Le diabète
  • L’âge et le vieillissement naturel
  • Les épines irritatives pelviennes et périnéales (plaies, escarres, hémorroïdes, infections urinaires, constipation, post-chirurgicales)

les antihistaminiques pour traiter les allergies

cétirizine (Zyrtec)

chlorphéniramine (chlorure de trimétron)

diphenhydramine (Benadryl)

fexofénadine (Allegra)

anticholinergiques/antispasmodiques pour traiter les crampes d’estomac, les spasmes musculaires et l’incontinence urinaire

hyoscyamine (Levbid)

oxybutynine (Ditropan)

Propanthéline (Pro-Banthine)

toltérodine (Detrol)

antidépresseurs tricycliques pour traiter l’anxiété et la dépression

amitriptyline (Elavil)

doxépine (Adapine)

imipramine (Tofranil)

nortriptyline (Pamelor)

D’autres médicaments associés à la rétention urinaire comprennent

décongestionnants

éphédrine

phényléphrine

pseudoéphédrine

la nifédipine (Procardia), un médicament pour traiter l’hypertension artérielle et les douleurs thoraciques

carbamazépine (Tegretol), un médicament pour contrôler les crises chez les personnes épileptiques

cyclobenzaprine (Flexeril), un médicament relaxant pour les muscles

diazépam (Valium), médicament utilisé pour soulager l’anxiété, les spasmes musculaires et les convulsions

les anti-inflammatoires non stéroïdiens

amphétamines

analgésiques opioïdes

Symptômes

Lorsque la rétention n’est pas complète, la difficulté à uriner (dysurie) est difficilement séparable des autres signes urinaires. Elle peut donc s’accompagner :

  • De besoins urgents fréquents et douloureux d’uriner, diurnes et nocturnes
  • Une difficulté à initier la miction
  • Un jet d’urine faible et haché
  • Des gouttes retardataires
  • Une douleur ou inconfort dans le bas-ventre
  • Un ballonnement dans la partie inférieure de l’abdomen

Parfois aucune plainte n’est formulée, rendant le diagnostic plus tardif.

Diagnostic

Le diagnostic est clinique. Lorsque la rétention est aiguë, elle nécessite un geste de drainage urgent par sonde urétrale ou cathéter par ponction au niveau du bas ventre (cathéter sus-pubien). En urgence une évaluation des causes et des complications est réalisée afin d’orienter la suite de la prise en charge et la gestion du mode de drainage urinaire.

Lorsque la rétention est chronique, le drainage et le mode mictionnel (par sonde ou non) est discuté et une évaluation du retentissement de cette rétention est réalisée.

La rétention et la dysurie plus largement est évaluée en consultation grâce à un examen clinique, des questionnaires de symptômes et de qualité de vie, une débimétrie et une mesure du résidu post mictionnel. L’examen clinique évalue aussi les autres sphères génitales, digestives et de statique pelvienne, car la pathologie pelvi-périnéale est souvent intriquée.

La cystoscopie est réalisée afin de rechercher les causes d’obstruction (adénome, sténose urétrale ou corps étrangers) ou des signes indirects comme la déformation de la paroi vésicale (présence de trabéculations et diverticules). Elle consiste en l’introduction d’une mini-camera, souple et non traumatique, dans la vessie pour examiner la vessie et l’urètre.

Un analyse d’urine et une prise de sang sont faites afin d’évaluer la fonction rénale. En effet, un blocage des urines retentit sur le haut appareil en amont et la fonction rénale.

L’imagerie est représentée par l’échographie. Elle a un rôle diagnostic avec mesure du résidu post mictionnel, du volume prostatique, la visualisation de calculs, caillots ou polypes ; grâce à des signes indirects d’obstruction (épaississement de la paroi, diverticules). Elle a un rôle pronostic en évaluant la dilatation des uretères et des cavités rénales.

L’IRM est volontiers utilisée dans les pathologies du plancher pelvien et le scanner permet une bonne analyse du haut appareil urinaire (reins et uretères)

L’évaluation urodynamique n’est pas systématique, elle permet de faire la part des choses lorsque la situation est complexe. Elle correspond à la mesure des pressions vésicales et abdominales au cours du remplissage vésical et de la miction. L’examen dure environ 45min deux sondes fines l’une dans le rectum et l’autre dans la vessie permettent ces mesures de pression.

Traitement

Le traitement urgent de la rétention aiguë d’urine correspond au drainage des urines. Ce dernier est effectué sous anesthésie locale par la pose d’une sonde vésicale ou par un cathéter introduit directement dans la vessie par ponction abdominale au-dessus du pubis.

La suite du traitement correspond à celui de la cause. Il peut être médical ou chirurgical. Vous pouvez retrouver ces derniers dans les chapitres dédiés. Lorsque l’obstruction ne peut pas être résolue il arrive que les patients soient entrainés au cathétérisme propre intermittent (autosondage). Cela revient à se sonder 5 fois par jour. C’est une technique qui améliore la qualité de vie et les risques infectieux et d’insuffisance rénale.